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Des progrès sociaux

Durant le conflit, de nombreux réfugiés, blessés, mutilés, veuves et orphelins ont eu besoin d’être soignés ou soutenus. Une fois la paix revenue, l’élan sanitaire et social ne faiblit pas, d’autant que 200 000 Français environ sont emportés par la grippe espagnole durant l’hiver 1918-1919.

Plusieurs services préfectoraux créés en 1919 assurent le retour des populations dans de bonnes conditions sanitaires. Le laboratoire mobile d’hygiène de la Marne analyse les eaux pour déterminer leur degré de potabilité, surveille les maladies endémiques et fait curer les puits. De son côté, le service sanitaire et d’hygiène sociale institue une infirmerie dans chaque camp de travailleurs de la reconstruction, ainsi que huit centres sanitaires baraqués dans la zone dévastée. Ces centres ne durent pourtant pas, à mesure que la reconstruction progresse, et au mois de juin 1922, ils sont tous fermés ou transformés, comme le centre de secours de Villers-Franqueux, devenu un préventorium pour enfants en 1921.   

La loi du 7 septembre 1919 oblige les départements à assurer la prise en charge de leurs tuberculeux, dans un sanatorium public ou privé, dans un délai de 5 ans, relevé à 10 ans en 1921. La Marne se conforme à ces exigences et lance un projet de sanatorium départemental en 1924. Celui-ci prend le nom de Léon Bourgeois en 1927, peu après son ouverture, pour rendre hommage au rôle joué par ce Marnais dans la lutte contre la tuberculose. Il est réservé aux femmes et dispose de 65 lits. 3 Fi 108/8566

La société d’après-guerre voit se pérenniser de nombreuses institutions sanitaires ou expérimentations sociales initiées avant et pendant la guerre. Celle-ci semble avoir accéléré le développement des cités-jardins et des normes d’hygiène, la création de sanatoria pour tuberculeux, d’écoles de plein air pour les enfants, ou d’établissements médicaux de meilleure qualité. Dans la Marne, ces mouvements sont très suivis et donnent naissance à de nouvelles structures

Certaines catégories de la population, plus éprouvées par la guerre, ont besoin d’aides supplémentaires. L’État apporte ainsi son soutien aux mutilés et anciens combattants en leur réservant des emplois ou en leur accordant le droit d’organiser des lotos ; il aide également les veuves et orphelins de guerre. Ces derniers, faits pupilles de la Nation, bénéficient d’un statut très protecteur. Pour assurer une meilleure solidarité, ces catégories de la population, et particulièrement les anciens Poilus, se regroupent et forment rapidement des associations, des unions ou des syndicats pour se soutenir et défendre leurs intérêts communs. L’Union des combattants d’Epernay, déclare par exemple dans ses statuts vouloir : « conserver (…) les liens de bonne camaraderie créés par la guerre 1914-1918 ; perpétuer le souvenir des Morts pour la Patrie et maintenir le respect public dû aux anciens combattants ; participer aux funérailles des sociétaires ».

La mémoire du conflit

Avec la fin de la guerre, s’ouvre le temps du souvenir et de la commémoration. La guerre totale a durablement troublé les esprits et la société se reconstruit en en conservant la trace. 

Tout d’abord, l’État et la population souhaitent honorer les soldats tombés en masse, encore inhumés dans des tombes provisoires à proximité des champs de bataille. La Marne se couvre de nécropoles nationales, et devient le département où le plus grand nombre de soldats français (180 000) sont inhumés. Les corps de soldats, de toutes nationalités, lorsqu’ils ne sont pas rendus à leur famille, sont regroupés dans ces cimetières dont la disposition est très codifiée. Ceux qui n’ont pu être identifiés sont rassemblés dans des ossuaires, comme celui de la Ferme de Navarin abritant les restes de 10 000 combattants tombés sur le front de Champagne, ou inhumés dans des tombes, avec des marques distinctives.

La nécropole nationale de Saint-Thomas-en-Argonne. Créée en 1924, cette nécropole regroupe les corps de plus de 8 000 soldats français tués au cours des batailles d'Argonne. Elle s’étend sur 23 820 m2. Le mât au bout duquel flotte le drapeau national fait partie des éléments obligatoires dans ces cimetières militaires. © Département de la Marne- Christophe Manquillet

Les pouvoirs publics veulent s’assurer que ni les morts ni leur héroïsme ne seront oubliés, en les rendant visibles, au quotidien. Pour ce faire, des monuments aux morts, dont la construction n’est pas obligatoire mais soutenue par la loi du 25 octobre 1919, sont érigés dans presque toutes les communes marnaises. Ils peuvent être figuratifs ou géométriques : si certains représentent des poilus sur le front, la majorité prend la forme d’un obélisque. Dessus, sont inscrits par ordre alphabétique les noms de tous les soldats originaires de la commune morts au combat. D’autres monuments commémoratifs, de plus grande ampleur, sont également érigés. Ils rendent hommage à un groupe spécifique de soldats, comme le monument à l’armée noire de Reims, unique en France, et inauguré en 1924, ou à une bataille en particulier, tel celui de Dormans pour les batailles de la Marne, ou celui de Mondement, un menhir de béton rose de 33 mètres de haut symbolisant le point d’arrêt de l’invasion allemande en 1914.

En 1921 est créé à Paris le Comité aux héros de l’armée noire, pour ériger en métropole et en Afrique un monument à la mémoire des soldats indigènes Morts pour la France. Deux villes sont retenues : Reims et Bamako. Les monuments, identiques, sont du sculpteur Paul Moreau-Vauthier et de l’architecte Auguste Bluysen. Celui de Reims, inauguré en 1924, est détruit par les Allemands en 1940. Un nouveau monument, plus discret, est érigé en 1963, avant la reconstruction à l’identique du précédent, en 2013. 21 Fi 1707 

En dehors des monuments et des statues, pour assurer la régularité du souvenir, la loi du 24 octobre 1922 instaure le 11 novembre comme jour férié. Durant cette journée, des cérémonies commémoratives, très ritualisées, doivent être organisées à 11 heures dans toutes les communes de France, autour du monument aux morts.

Vers une paix durable ?

Une fois l’armistice signé et la victoire fêtée, le long processus diplomatique de sortie de guerre s’engage, dans le but d’aboutir à une paix durable. 

Une conférence de la paix s’ouvre à Paris le 18 janvier 1919, et réunit toutes les puissances victorieuses, afin de rédiger le traité qui règlera le conflit et le sort des perdants. Les négociations se fondent sur le discours en quatorze points du président Wilson, prononcé en janvier 1918, et qui prône, entre autres, le désarmement et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cependant, Clémenceau s’oppose aux Anglais et aux Américains sur un point précis car ceux-ci veulent ménager l’Allemagne pour éviter le développement d’un esprit de revanche, tandis que le Tigre insiste pour lui faire payer de lourdes indemnités, devant servir à la reconstruction. Les tractations aboutissent à la signature du traité de Versailles, le 28 juin 1919, dont le préambule adopte le pacte de la Société des Nations, et qui institue, notamment, le retour de l’Alsace-Lorraine à la France et la démilitarisation de l’Allemagne. 

Portrait de Léon Bourgeois. Étude à la craie d’art. 13 Fi 240

Léon Bourgeois, député puis sénateur de la Marne, ministre à plusieurs reprises, joue un rôle déterminant dans la construction de cette paix. Depuis 1899 et sa participation, comme premier délégué de la France, à la conférence internationale pour la paix à La Haye, il conçoit en effet l’arbitrage comme un moyen de règlement des conflits. En 1910, son ouvrage Pour la société des nations lance l’idée d’une organisation internationale chargée de maintenir la paix et plaide pour la création d’une justice, d’une armée et d’un droit internationaux. Une fois la Société des Nations créée, en 1919, il en devient le président du Conseil, puis reçoit, le 11 décembre 1920, le prix Nobel de la paix.

D’autres Marnais de tous les camps politiques, tout en entretenant le souvenir de la guerre, militent pour la préservation de la paix. Les anciens combattants, notamment, appuient en ce sens et font de leur expérience de la guerre un argument dissuasif. 

Une nouvelle société

Malgré l’omniprésence de la guerre dans les esprits, une partie de la population cherche à mettre de côté les morts, les privations et les destructions et aspire, certes à la paix, mais aussi à plus de légèreté. 

L’époque de l’après-guerre est ainsi communément connue, parfois de manière abusive, comme celle des « années folles », et les Marnais, quoique fort occupés par la reconstruction, s’inscrivent de plain-pied dans leur époque. La société des années folles se caractérise par l’apparition de nouveaux styles esthétiques, de nouvelles modes et formes de divertissements, dont une majorité se diffuse dans la Marne. Les styles vestimentaires changent : la toute relative émancipation des femmes après la guerre permet l’apparition de la « garçonne ». Pour la première fois, les femmes ont les cheveux courts, portent des robes à taille basse, moins cintrées. Le style Art déco, dont Reims est le fleuron, se développe quant à lui en réaction à l’Art Nouveau d’avant-guerre, dans les domaines de l’architecture et de l’aménagement intérieur.

Projet non retenu pour la salle Wogner, salle des fêtes de Vertus, 1926. Construite grâce au don issu de la succession d’Ambroise Wogner à la commune de Vertus, la salle Wogner est une des nouvelles salles de spectacle de la Marne de l’entre-deux-guerres. De style Art déco, elle est l’œuvre de l’architecte Fernand Moineau. À l’origine, elle devait pouvoir accueillir 1 000 personnes. E dépôt 2085 

Les années 1920 sont également celles de l’apparition ou de la meilleure diffusion des loisirs. Cette diversification alimente le goût de la fête généralement prêté à cette époque, contribuant à lui faire porter le qualificatif de « folle ». Le cinéma devient pratique commune et les salles spécialisées dans la projection de films se multiplient. Dans la Marne, on construit ainsi plusieurs cinémas : à Châlons, le Casino ouvre ses portes en 1919, suivi par d’autres, y compris un cinéma en plein air et des salles de patronage comme celle de la Jeanne d’Arc. Parallèlement, la radio se répand, contribuant à la standardisation des pratiques culturelles et à l’apparition de vedettes populaires, comme Maurice Chevalier ou Mistinguett.

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